Pourquoi les réseaux de lutte contre la pauvreté ont manifesté le 14/10 ?
Plus de pauvreté, qui va payer la facture ?
L’Arizona se trompe dans ses calculs. Ses mesures vont aggraver la pauvreté : elle touchera plus de gens, plus durement et plus longtemps, ce qui se traduira par des coûts élevés pour tout le monde. A l’aube de la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté, les Réseaux de lutte contre la pauvreté seront dans la rue le 14 octobre pour demander de prendre en compte le coût humain et financier de la pauvreté.
Les derniers chiffres SILC montrent l’importance de notre système de sécurité et d’aide sociale dans la protection de la population belge contre le risque de pauvreté. « Le rapport publié récemment par le SPF Sécurité sociale montre que les allocations, hors pension, diminuent le risque de pauvreté de moitié, contre un tiers, en moyenne, en Europe », constate Caroline Van der Hoeven, coordinatrice du Réseau belge de lutte contre la pauvreté.
Des coups dans le barrage
Or l’Arizona entame sévèrement ce barrage contre la pauvreté en l’ébréchant à grands coups d’assommoir : limitation du chômage dans le temps, suppression de l’enveloppe bien-être, report de l’index sur les allocations et les pensions, suppression du financement du Plan hiver, conditionnalité renforcée de l’accès aux allocations d’insertion, égalisation et plafonnement des déductions fiscales pour les enfants à charge, élargissement du statut cohabitant… « La liste des mesures qui réduisent les droits et les perspectives des revenus les plus bas est vertigineuse », s’alarme Caroline Van der Hoeven. *« Un Plan Fédéral de lutte contre la pauvreté est bien en cours d’écriture, et on a bon espoir d’y lire des plans ambitieux, mais les premiers concernés s’interrogent : comment lutter contre la pauvreté quand, en même temps, on crée de toutes pièces les conditions pour son aggravement ? »
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Gérer plutôt que remédier : une facture salée
Faire des économies en poussant les gens dans la pauvreté est un mauvais calcul : là où il prétend colmater les « fuites » dans son budget, le gouvernement ouvre au contraire une brèche par laquelle s’écouleront, dès demain, les précieuses économies avec lesquelles il espérait remettre le bateau à flot. « La pauvreté ne coûte pas seulement aux personnes qui la vivent, mais à la société tout entière. Dans ses tableaux budgétaires, le gouvernement semble oublier que « gérer » la pauvreté, plutôt que de l’éradiquer, se paye cher, a fortiori lorsqu’on y pousse un cinquième de sa population. » On pense par exemple à l’impact sur des postes comme la santé, la justice, le climat… Mais aussi à tout l’armada administratif qu’on finance par méfiance vis-à-vis des « fraudeurs du CPAS », sans aucune considération pour les chiffres qui démontrent que cet argent rapporterait bien plus en étant investi ailleurs.
A l’aube du 17 octobre, Journée mondiale de lutte contre la pauvreté, le Réseau belge de lutte contre la pauvreté - BAPN, le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté, Le Forum - Bruxelles contre les inégalités, le Vlaams Netwerk tegen Armoede et la Brussels Platform Armoede seront dans la rue le 14 octobre pour appeler le gouvernement à prendre en compte le coût humain et financier de la pauvreté à l’entame du travail parlementaire autour du budget fédéral.
