Malade et sans papiers

Entre 80 % et 90 % des ayants droit n’exercent pas leur droit à l’Aide Médicale Urgente. Qu’est-ce qui fait obstacle dans l’accès aux soins de santé pour les personnes en séjour irrégulier ? Pourquoi la majorité d’entre elles ne recourent-elles pas à la procédure ? Dans la publication Malade et sans papiers de nos collègues du BAPN -à laquelle BPA a également collaboré , les premier.es concerné.es posent leur diagnostique et identifient les solutions possibles.
La publication Malade et sans papiersà propos de l’Aide Médicale Urgente est le fruit de la parole de personnes en séjour irrégulier provenant d’associations de lutte contre la pauvreté wallonnes, bruxelloises et flamandes. Le temps de quatre rencontres, ils et elles ont partagé leurs expériences personnelles, avec pour point commun la difficulté de l’accès aux soins de santé. En reliant leurs histoires personnelles, ils et elles ont dévoilé les mécanismes d’exclusion sous-jacents et ont formulé des recommandations afin d’éliminer ces obstacles.
Leurs conclusions forment une contribution significative au Mémorandum pour les élections de 2024. Une feuille de route pour la simplification et l’harmonisation de l’Aide Médicale Urgente. Plusieurs organisations sociales ont apporté leur expertise technique et leur connaissance du terrain à ce document de plaidoyer sous la coordination de Médecins du Monde.
En complément de ce Mémorandum, la publication Malades et sans papiers part du quotidien de personnes en séjour irrégulier vivant en pauvreté et de leurs expériences d’usagers pour évaluer et améliorer l’accès actuel aux soins de santé. En prenant eux-mêmes la parole, les participant.e.s tendent la main aux autorités et aux services en vue d’être reconnu.e.s et impliqué.e.s comme partenaires à part entière dans l’amélioration de la politique de santé publique.
La participation des personnes en situation de pauvreté et des publics précarisés, parmi lesquels les personnes en séjour irrégulier, améliore l’efficacité et l’impact des politiques, réduit les inégalités et renforce la cohésion sociale. Tant les individus, que les communautés et l’ensemble de la société ont à y gagner. La participation endigue la dérive de l’opinion publique vers les extrêmes et la mise en péril de notre démocratie. Elle contribue à une société inclusive et prévient la détérioration des valeurs démocratiques en raison du mécontentement social. Le dispositif de l’Aide Médicale Urgente ne satisfait aucune des parties. A commencer par les usager.e.s. L’accès précaire et variable aux soins de santé les pousse à reporter leur traitement et à ne pas faire valoir leur droit aux soins de santé de base. Ce manque de soins entraîne l’exclusion sociale puisque sans aide, les personnes malades ne peuvent participer pleinement à la société. Ensuite, les CPAS et leurs professionnel.le.s, ainsi que le personnel soignant : tou.te.s perdent un temps précieux à suivre des procédures administratives fastidieuses, ce qui les empêche de prodiguer des soins et d’assister les sans-papiers d’une manière qualitative et rapide. Enfin, la société tout entière, inutilement exposée à d’importants risques sanitaires et des coûts élevés pour la santé publique.
Dans cette publication, nous plaidons en faveur d’une amélioration des soins de santé pour les personnes en séjour irrégulier, un groupe extrêmement vulnérable, en appelant à ne pas accepter un discours public et politique négatif qui déshumanise ces personnes. Nous demandons en particulier aux professionnel.le.s des CPAS et à leurs responsables d’équipe, tout comme aux décideurs et décideuses de tous niveaux politiques, d’entrer en dialogue avec les personnes en séjour irrégulier dans le but de chercher des pratiques qui, à partir d’une approche basée sur les droits humains, créent du lien et lèvent les obstacles.
